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Non, les chats errants ne sont pas "un problème" !

Le mardi 12 juin 2018, la DH.be relatait l’agression dont ont été victimes des bénévoles de l’association de protection féline Ever’y Cat, alors que ceux-ci tentaient de trapper une chatte et ses chatons dans un quartier de Bruxelles.

Cet article a le mérite d’exister, bien sûr, et merci à la journaliste Sarah Rasujew de faire écho de ce type de « fait divers » choquant. Mais il m’inspire deux réflexions. Elle me sont tout à fait personnelles, chacun aura son avis.

Mais avant, je tiens à affirmer mon soutien à ces personnes victimes de violence. Je leur souhaite beaucoup de courage pour surmonter ce traumatisme. Nul ne mérite d’être agressé de la sorte, et certainement pas des bénévoles tentant de venir en aide à de pauvres chats !!

Un fait divers relaté sans pédagogie

Je trouve très dommage — voire dommageable — que la 1re partie de l’article (les 2/3 tout de même !) se contente de relater les faits, sans référence au rôle essentiel que jouent les associations de terrain et leurs bénévoles pour le bien-être animal et par conséquent au côté profondément injuste de l’agression à cet égard. L’article aurait même pu argumenter sur le bénéfice de leurs actions y compris pour les gens qui n’aiment pas trop les chats, puisqu’elles en limitent le nombre dans les rues.

Il faut attendre la 2e partie du texte pour aborder cet aspect. Mais seule une minorité de lecteurs aura été jusque là.

Le problème du « problème »

La seconde partie de l’article me pose franchement problème dans la manière dont elle est écrite. Et « problème » est bien le mot puisque sur un texte d’une vingtaine de lignes, il est repris 5 fois, à commencer par l’intertitre !! Je cite :

Les 3 premières utilisations du mot suscitent particulièrement question. Les chats errants ne sont pas un « problème » mais une « problématique » et la nuance est de taille ! Si le langage commun peut l’admettre, il est dangereux de faire fi de la portée des mots dans un texte de presse, même si l’un de ces 3 extraits est une citation d’un membre d’une association.

Les personnes sensibilisées à la protection animale savent parfaitement ce qu’elles veulent dire lorsqu’elles parlent entre elles du « problème des chats errants ». L’expression entraîne automatiquement, dans leurs pensées, un imbroglio de notions telles que maltraitance, abandons, misère, souffrance, stérilisation, aides publiques, réglementation... car elles savent que la problématique est ô combien complexe.

Mais pour les gens qui ne voient dans ces chats que « des enquiquineurs puants, vecteurs de maladies, hurlant dans la nuit en période de chaleur, éventrant les sacs poubelles et pissant sur les pas de porte », le syllogisme est vite fait :

Ne minimisons pas l’impact de nos choix langagiers sur l’inconscient individuel et collectif, surtout dans des expressions courantes et donc souvent répétées, et soyons prudents quant aux mots que nous utilisons ! Que nous soyons un simple particulier aimant les chats, un bénévole d’association ou a fortiori un journaliste dont les écrits sont lus largement, par des profils de lecteurs multiples.